Pénurie d'ouvriers dans l'atelier du monde
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Le phénomène de 民工荒 míngōnghuāng
民工 : l'ouvrier paysan, le travailleur migrant
荒 : manque (même si le son sens le plus commun est absurde, 荒谬 : huāng miù absurde)
L' « armée de réserve » d'ouvriers migrants chinois que l'on pensait inépuisable montre depuis quelques années ses limites. Les régions côtières de la Chine où se concentre la production industrielle souffrent ces derniers temps d’une pénurie de main d’œuvre sans précédent.
Ces travailleurs peu qualifiés qui quittent leur campagne pour aller travailler dans les grandes villes et zones industrielles retournent chez eux chaque année pour passer le congé du nouvel an chinois en famille. Il en résulte depuis quelques années une pénurie de main d'œuvre récurrente dans les grands centres de production de la Chine (régions de Canton, Shanghai…), à la fin des vacances du nouvel an, bon nombre d’ouvriers manquant à l’appel. Cette année le phénomène s'est intensifié, et l'on parle d'une pénurie de 20 millions de travailleurs dans le delta de la rivière des perles (珠江三角洲).
Dans cette région, le salaire minimum qui est de 700-800rmb (70-80 euros) par mois ne suffit plus à attirer les ouvriers. Il est maintenant question d'une hausse conséquente du salaire à débourser pour remplir les ateliers (au minimum 1000 - 1200rmb, 100-120 euros). Notons qu’en plus de toucher un salaire les travailleurs migrants sont généralement logés et nourris.
Cette situation est particulièrement inquiétante car malgré la reprise économique le niveau des commandes dans les usines chinoises reste a un niveau inférieur à celui atteint avant la crise.
La pénurie limite les entreprises dans leur capacité à discriminer le type d'ouvrier qu'elles veulent employer ce qui bénéficie aux femmes et aux plus âgés (plus de 45 ans).
Diverses explications sont avancées pour expliquer ce phénomène:
- Les ouvriers nés dans les années 80 et 90 (80后，90后）deviennent majoritaires ce qui amène un changement de mentalité au sein de la population ouvrière. Selon l'angle pris pour décrire la chose en Chine, on les dit plus paresseux ou bien plus exigeants en terme de conditions de travail que leurs aînés.
- Les conditions de vie s'améliorent à la campagne et la différence de gain entre ce qui peut être gagné sur place ou en allant vendre sa force de travail sur les côtes diminue. Quelqu'un qui peut trouver un travail payé 1000rmb dans sa région natale n’acceptera plus forcément de traverser le pays pour gagner 1500rmb dans un endroit inconnu, loin de ses proches et dans des conditions de vie difficiles.
- Un début de transfert des industries des côtes vers les région du centre-ouest est en train de commencer à s'opérer. (les ouvriers qui venaient justement massivement de ces régions sont donc moins nombreux à se déplacer).
Cette situation met en évidence les problèmes de compétitivité de la Chine. Une augmentation du coût du travail non qualifié va se répercuter dans le prix des marchandises produites. Certains prédisent qu’ une accélération de la montée en gamme de la Chine en résultera, mais si la qualification de la main d'œuvre ne suit pas l'augmentation de son prix, l’économie chinoise pourrait connaître une difficile phase de transition dans les prochaines années.
Une telle situation va vraisemblablement rendre de nombreux domaines industriels peu attractifs pour les investisseurs en baissant les taux de profit, ce qui devrait dévier encore plus de capitaux vers l'immobilier et la bourse et aggraver les phénomènes spéculatifs que connaissent déjà ces deux marchés.
Article sur le même sujet publié dans Le Monde une semaine après ce post :
La Chine, "atelier du monde", manque de bras
荒 : manque (même si le son sens le plus commun est absurde, 荒谬 : huāng miù absurde)
L' « armée de réserve » d'ouvriers migrants chinois que l'on pensait inépuisable montre depuis quelques années ses limites. Les régions côtières de la Chine où se concentre la production industrielle souffrent ces derniers temps d’une pénurie de main d’œuvre sans précédent.
Ces travailleurs peu qualifiés qui quittent leur campagne pour aller travailler dans les grandes villes et zones industrielles retournent chez eux chaque année pour passer le congé du nouvel an chinois en famille. Il en résulte depuis quelques années une pénurie de main d'œuvre récurrente dans les grands centres de production de la Chine (régions de Canton, Shanghai…), à la fin des vacances du nouvel an, bon nombre d’ouvriers manquant à l’appel. Cette année le phénomène s'est intensifié, et l'on parle d'une pénurie de 20 millions de travailleurs dans le delta de la rivière des perles (珠江三角洲).
Dans cette région, le salaire minimum qui est de 700-800rmb (70-80 euros) par mois ne suffit plus à attirer les ouvriers. Il est maintenant question d'une hausse conséquente du salaire à débourser pour remplir les ateliers (au minimum 1000 - 1200rmb, 100-120 euros). Notons qu’en plus de toucher un salaire les travailleurs migrants sont généralement logés et nourris.
Cette situation est particulièrement inquiétante car malgré la reprise économique le niveau des commandes dans les usines chinoises reste a un niveau inférieur à celui atteint avant la crise.
La pénurie limite les entreprises dans leur capacité à discriminer le type d'ouvrier qu'elles veulent employer ce qui bénéficie aux femmes et aux plus âgés (plus de 45 ans).
Diverses explications sont avancées pour expliquer ce phénomène:
- Les ouvriers nés dans les années 80 et 90 (80后，90后）deviennent majoritaires ce qui amène un changement de mentalité au sein de la population ouvrière. Selon l'angle pris pour décrire la chose en Chine, on les dit plus paresseux ou bien plus exigeants en terme de conditions de travail que leurs aînés.
- Les conditions de vie s'améliorent à la campagne et la différence de gain entre ce qui peut être gagné sur place ou en allant vendre sa force de travail sur les côtes diminue. Quelqu'un qui peut trouver un travail payé 1000rmb dans sa région natale n’acceptera plus forcément de traverser le pays pour gagner 1500rmb dans un endroit inconnu, loin de ses proches et dans des conditions de vie difficiles.
- Un début de transfert des industries des côtes vers les région du centre-ouest est en train de commencer à s'opérer. (les ouvriers qui venaient justement massivement de ces régions sont donc moins nombreux à se déplacer).
Cette situation met en évidence les problèmes de compétitivité de la Chine. Une augmentation du coût du travail non qualifié va se répercuter dans le prix des marchandises produites. Certains prédisent qu’ une accélération de la montée en gamme de la Chine en résultera, mais si la qualification de la main d'œuvre ne suit pas l'augmentation de son prix, l’économie chinoise pourrait connaître une difficile phase de transition dans les prochaines années.
Une telle situation va vraisemblablement rendre de nombreux domaines industriels peu attractifs pour les investisseurs en baissant les taux de profit, ce qui devrait dévier encore plus de capitaux vers l'immobilier et la bourse et aggraver les phénomènes spéculatifs que connaissent déjà ces deux marchés.
Article sur le même sujet publié dans Le Monde une semaine après ce post :
La Chine, "atelier du monde", manque de bras